Depuis la mi Février, la Plateforme des Organisations de la société civile pour l’Observation des Elections en Côte d’Ivoire (POECI) a rendu public son rapport d’activités pour l’année 2015. Il est également disponible et téléchargeable en cliquant sur l’image ci dessous.
RÉSUMÉ ANALYTIQUE
Depuis la seconde moitié des années 1990, la Côte d’Ivoire traverse une crise chaque fois qu’elle organise des consultations électorales. Les dernières élections présidentielles organisées en Côte d’Ivoire en 2010 en sont la preuve palpable car elles se sont soldées par la violence armée. Cette violence armée a occasionné plusieurs déplacés internes et des refugiés avec 3000 morts selon l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).
Cinq ans plus tard, la Côte d’Ivoire doit recourir aux urnes pour élire un nouveau président. Un exercice délicat compte tenu de son passé récent même si la situation semble stable. Dans ce contexte, la Commission Electorale Indépendante (CEI), présente lors du conflit post électoral précédent, a connu une difficile restructuration compte tenu des divergences entre la mouvance au pouvoir et l’opposition qui a contesté sa sous-représentation au sein de la Commission.
Dans la perspective, l’organisation de l’élection présidentielle et la révision de la liste électorale se posent comme les nouveaux défis qui se présentent à la commission. Cette opération de révision de la liste électorale de 2010 qui a débuté le 1er juin 2015 avec une prolongation de douze jours, a pris fin le 12 juillet 2015. La CEI a pu enrôler au total 510.464 électeurs/ électrices, chiffre qui reste en deçà des prévisions initiales de près de 3.000.000 de potentiels nouveaux électeurs à enrôler. Le processus de révision de la liste électorale a été émaillé de difficultés d’ordre administratives liées à l’acquisition et à l’établissement des pièces d’identité notamment le certificat de nationalité et la carte nationale d’identité devant permettre aux populations désireuses de se faire recenser.
La POECI a noté également une mobilisation tardive autour du processus aussi bien par l’administration territoriale que des partis politiques. Les activités de communication de masse et de proximité ont été insuffisantes pour accompagner une telle campagne de mobilisation des citoyennes et citoyens à accomplir leurs devoirs civiques. Cette opération s’est déroulée sans violence dans un climat sociopolitique globalement apaisé, sans incident majeur susceptible d’entacher son déroulement ou de porter atteinte à la crédibilité du processus de révision de la liste électorale.
Entre le 29 août et le 22 octobre 2015, la POECI a déployé 119 coordonnatrices/coordonnateurs départementaux de manière systématique pour suivre le déroulement de la période pré- électorale. Au cours de cette période et notamment le 10 septembre 2015, suite à la publication de la liste définitive des candidats à la présidentielle d’octobre 2015, des manifestations ont éclaté dans certaines villes du pays entrainant des pertes en vie humaines et des destructions de matériels. Ces manifestations ont été enregistrées particulièrement à Bonoua, à Facobly, à Gagnoa et à Yopougon. Malgré ces incidents, l’environnement pré-électoral a été généralement paisible avec peu d’indicateurs que les élections pourraient entrainer de la violence générale malgré certains éclats de violences troublants.
La POECI a observé de manière indépendante le scrutin présidentiel du 25 octobre 2015, par la méthodologie du comptage rapide des votes ou PVT. La POECI a déployé 755 observatrices et observateurs fixes et 119 observatrices et observateurs mobiles lors de la présidentielle pour réaliser un PVT qui se base sur des principes statistiques et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.
Cette méthodologie permet de dégager des tendances précises qui visent les différents aspects du mode opératoire de l’élection (du démarrage du vote, en passant par le déroulement du vote, par le dépouillement des voix jusqu’à l’annonce des résultats dans les bureaux de vote). Les résultats de l’observation de la POECI indiquent que l’élection s’est bien déroulée dans l’ensemble du pays selon le mode opératoire préconisé par la CEI.
Ce scrutin a permis aux ivoiriennes et ivoiriens de se rendre aux urnes de manière paisible et transparente, malgré des retards constatés dans l’ouverture de certains bureaux de vote et des difficultés liées au fonctionnement des kits d’authentification biométrique.
La POECI a rendu public dans son communiqué de presse du 26 octobre 2015, un taux de participation de 53,0% avec un degré de précision de +/- 1,81%. Ce taux est comparable au taux annoncé par la CEI le 27 octobre 2015 qui est de 52,86%.
Cette élection a été un test pour la Côte d’Ivoire en vue de la consolidation de sa jeune démocratie. Les ivoiriens et ivoiriennes devraient ensemble œuvrer pour maintenir cet acquis issu de cette élection présidentielle et le consolider pour le développement de la Côte d’Ivoire.
La POECI pour sa part, continuera son travail de veille citoyenne et démocratique sur l’ensemble des processus électoraux en Côte d’Ivoire et mettra son expertise au service de la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance